Finis les supputations, les louvoiements et autres faux rebondissements caractéristiques d’un mauvais scénario pour film de série B, la candidature de Bédié est actée par son parti le PDCI. Ou plutôt ce qu’il en reste, après les départs massifs de cadres de haut rang et de militants pour rejoindre le RHDP du président Alassane Ouattara.
A 86 ans donc l’homme qui avait échoué à la tête de l’Etat et fait subir à son pays le premier coup d ‘Etat de son histoire-qui l’avait emporté- ose encore briguer la magistrature suprême. Après un échec retentissant en 2010 lorsqu’il s’est classé en troisième position de l’élection présidentielle derrière Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara.
En 2015, il a été sage de ne pas avoir cherché à poser une troisième candidature. Comment peut-il penser donc qu’aujourd’hui, à 86 ans, qu’il puisse représenter l’espoir dans un pays où les nouvelles générations-qui constituent l’immense majorité de la population-sont bien informées de son passage catastrophique au pouvoir qui a précipité la Côte d’Ivoire dans une crise politique et économique causée par son incompétence ?
Bédié est dans le déni de réalité que favorise le naufrage de la vieillesse chez les personnes en détresse de vouloir effacer un passé qui ne passe pas. C’est bien Bédié qui a promu l’ « ivoirité »,concept sulfureux qui a empoisonné la société et suscité des dérives ethnicistes qui ont balafré le beau visage de la Côte d’Ivoire poli par Houphouet Boigny, l’homme du rassemblement et de l’unité africaine.
La responsabilité historique de Bédié est énorme sur le plan de la déconstruction de l’unité nationale ivoirienne, pendant sa présidence, Elle l’est aussi dans la stagnation voire le recul économique dans cette période de sinistre mémoire, après les décennies du « Miracle ivoirien ».
Comment donc l’homme de l’échec qu’est Bédié peut-il croire qu’il pourrait séduire les nouvelles générations ? Comment faire croire qu’il serait capable de réussir ce qu’il n’a pas pu faire alors qu’il avait le pouvoir et avait 21 ans de moins ?
Il oublie que, depuis son éviction du pouvoir, le monde a basculé dans un nouveau siècle, le 21 ème La candidature de Bédié est une diversion qui risque malheureusement de réveiller les fantômes du passé car il va encore jouer la carte des divisions ethniques, de l’ostracisme et des querelles intestines.
Vieillard aigri qui renie la posture de sage qui devrait être la sienne dans la société africaine, Bédié court derrière des chimères et ne va donc pas écouter la voix de la raison. Mais les citoyens ivoiriens qui l’ont écarté en 2010 en feront de même cette année. Et lui signifieront définitivement que l’heure de la retraite a sonné.