Trois villages de l’Anzourou, dans l’ouest du Niger, ont perdu 20 personnes massacrées le 8 mai lors d’une triple attaque d’hommes armés. Des attaques qui ont semé la peur et la colère au sein de la population.

« Nous avons perdu une dizaine d’adolescents dans cet enfer », crie Alfa Hamadou, un habitant de Gadbo (un des trois villages attaqués), cité par l’AFP. « J’ai envoyé mon neveu chercher de l’eau, mais ces bandits l’ont fait coucher sur le ventre avec deux autres enfants et lui ont tiré plusieurs balles dans la tête », témoigne Zalika Issa, écrasant des larmes avec un voile gris.

Selon les témoignages, les assaillants venus sur « 13 à 20 motos », se sont ensuite dirigé à Zibane Koira-Tégui, autre village distant de deux kilomètres, où ils ont « froidement abattu trois hommes ». Caché par l’ombre d’arbres géants au bout d’une piste sablonneuse, Zibane-Koira Zéno, le troisième village ciblé, a payé le plus lourd tribut.

« Dès leur arrivée, dans un bruit assourdissant de motos, ils se sont mis à tirer sur tout ce qui bougeait, ils ont traqué les victimes jusque sous leur lit », raconte Moussa Dano, un habitant qui a perdu un proche. Avant de se retirer en direction du Mali voisin, les hommes armés ont emporté de nombreuses têtes de bétail.

Quelques jours avant les attaques, des hommes armés à moto ont « saboté » les antennes relais des sociétés de téléphones cellulaires, a confié à l’AFP une source sécuritaire.

Un détachement de l’armée à été dépêché pour assurer la sécurité du secteur. Le gouvernement a également promis une assistance en vivres.

L’Anzourou, composée de 24 villages, fait partie l’immense et instable région de Tillabéri (100.000 km2), riveraine de la zone des trois frontières (Niger, Burkina Faso et Mali), un des repaires des terroristes.

Trois attaques majeures contre l’armée, revendiquées par le groupe Etat islamique, ont été perpétrées dans cette région depuis décembre 2019, dans lesquelles ont péri 174 soldats, selon un bilan officiel : 14 morts à Sanam le 24 décembre, 89 morts le 8 janvier à Chinégodar et 71 morts le 10 décembre à Inates.

D’autres affrontements meurtriers de moindre ampleur ont eu lieu depuis. Pour endiguer la violence, les autorités ont fermé des marchés, interdit la circulation des motos et décrété l’état d’urgence depuis 2017.

En mars, les armées malienne, nigérienne et la force française Barkhane avaient mené une opération d’une envergure inédite aux confins du Mali et du Niger, qui a mobilisé 5.000 hommes et permis d’éliminer « un grand nombre de terroristes », selon l’état-major français.

Africa Confidentielle

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