Conakry, le 30 avril 2020 –  Le Conseil scientifique s’est réuni les 21 et 27 Avril 2020 pour examiner les effets de la transmission communautaire de la maladie à COVID 19 en Guinée et les mesures additionnelles à prendre pour freiner son expansion.

Le Conseil constate :

Une progression rapide du COVID-19 en Guinée qui est désormais de nature communautaire ; en effet depuis la notification du premier cas le 12 mars 2020, la Guinée a enregistré 622 cas confirmés, 495 cas hospitalisés, 05 décès, 122 patients guéris et 3 387 personnes testées[1].

Un système sanitaire fragile avec des capacités d’accueil et d’hospitalisation limitées et des infrastructures sous équipées;

Une insuffisance en équipement de protection individuelle (EPI) au niveau des structures sanitaires représentant un risque majeur de contamination hospitalière;

Un niveau de dépistage faible, entraînant une longue attente pour rendre les résultats. Cette situation ne permet pas d’identifier tous les cas de COVID-19 à temps et représente des risques de contamination dans la communauté;

Des cas de décès de COVID-19 dont l’analyse montre une mortalité vraisemblablement élevée chez les patients suivis principalement à domicile. Il y a lieu de rappeler que le contexte social de confinement à domicile est un facteur de risque de contamination communautaire, compte tenu de nos habitudes culturelles, des modes d’habitation et de relations de promiscuité ;

Une insuffisance des services essentiels de base pour les patients hospitalisés qui demeure un facteur de réticence pour l’hospitalisation des malades. Ce qui justifie en partie que la famille et d’autres bénévoles rendent visite, apportent de la nourriture ou restent aux côtés des malades. Cette situation est inquiétante car elle met à risque toute cette frange de la population et entraine des risques élevés de contamination hospitalière et communautaire ;

Une non hospitalisation de certains malades (dérogation) représentant un facteur de risque important de propagation de la pandémie et amenant la population à ne pas percevoir l’importance et la nécessité d’être isolé à l’hôpital ; En effet, malgré la déclaration du nombre de patients hospitalisés par le Sitrep, le constat est que tous ne sont pas admis dans des structures hospitalières.

Un risque élevé de propagation du virus lié à un commun regroupement des cas suspects et des malades diagnostiqués positifs au COVID-19 ;

Un faible respect des précautions requises à l’occasion des cérémonies funéraires ;

Au regard de ces faits, le conseil scientifique recommande :

1eme : L’hospitalisation/isolement de tous les cas COVID-19, avec des moyens adéquats au profit de tous les patients, pour une prise en charge adaptée et multidisciplinaire en milieu hospitalier ou tout autre lieu dédié.; l’identification de nouvelles structures d’accueil des malades auxquelles on adapterait les critères requis pour un centre/pavillon d’hospitalisation hautement infectieux ; la disponibilité d’un nombre de personnel de santé suffisant, capable de s’occuper des malades 24h/24 est indispensable dans toutes les structures sanitaires et autres lieux dédiés ; o Isolement des cas Suspects :

-Réquisition des hôtels ;
-Installation des tentes avec des compartiments individuels et un minimum de commodités dans les stades, à l’hôpital Sino-Guinéen, dans les universités ;
-Renforcement des CTPI dans les régions pour préparer la réception des cas éventuels ;
§ Autres.

Hospitalisation des cas sans ou avec peu de symptômes et sans comorbidité :

§ Hôpital de Gbessia ;

§ CTPI de Nongo ;

§ Camp Alpha Yaya ;

§ Installation des tentes avec un minimum de commodités dans les stades, à l’hôpital Sino-Guinéen, dans les universités ;

§ Renforcement des CTPI dans les régions pour préparer la réception des cas éventuels

§ Autres. o Hospitalisation des cas symptomatiques avec complications, avec ou sans comorbidité :
§ Hôpital National Donka

2ème : La réorganisation de la prise en charge thérapeutique des cas de Covid-19 en mettant en place un système de triage pour assurer la séparation des cas d’infections sévères, des cas positifs symptomatiques ou asymptomatiques et des cas suspects ;

3ème : La gestion avec toutes les précautions requises des unités hautement infectieuses que sont les pavillons/centres de traitement /d’hospitalisation de COVID-19. N’ont le droit d’y accéder que le personnel soignant y travaillant et protégé selon les normes ; o Rappeler tous les médecins de l’Hôpital Donka ; des structures sanitaires de Conakry ayant des effectifs pléthoriques ; des étudiants en médecine en dernière année de formation et des stagiaires qui travaillaient déjà dans ces structures sanitaires ;  o Mettre en place des équipes 24h/24, les former, les sensibiliser et les superviser ; o Mettre en place un circuit du malade et du personnel évitant la contamination ; o Interdire strictement les visites des familles ; o Assurer la désinfection des véhicules qui entrent et sortent de ces structures en responsabilisant la Croix Rouge par exemple ; o Recourir aux forces de l’ordre au besoins.

4ème La disponibilité, sans rupture de stock pour les soignants, des équipements de protection individuelle et des solutions hydro-alcooliques ; o Commander en quantité suffisante les EPI pour protéger le personnel tant dans les centres de PEC que dans les structures sanitaires pour la continuité des services.

5ème : Le fonctionnement correct de tous les services essentiels de base pour les malades hospitalisés (eau, nourritureliterie, toilettes, support psychologique etc…) ;  o Contractualiser éventuellement avec des sociétés privées pour assurer ces services ; o Tenir compte des nutritionnistes pour le choix des menus surtout pour ceux qui présentent des comorbidités telles que le diabète et l’hypertension.

6ème : La sensibilisation de la population sur l’importance de l’hospitalisation/l’isolement des cas suspects et positifs pour contribuer à contenir la contamination communautaire ; o Intégrer cet aspect dans les messages de sensibilisation de la population afin d’avoir leur adhésion pour l’isolement des cas suspects et positifs.

7ème Le renforcement des capacités de dépistage et du rendu des résultats au regard de la progression de la maladie ; o Eviter le dépistage de masse à ce stade, tenant compte de la capacité des laboratoires disponibles ; o Améliorer la communication entre la surveillance qui centralise les résultats et la PEC qui reçoit les cas positifs, afin de permettre une meilleure planification et orientation des cas vers les structures appropriées.

8ème : Le renforcement des mesures de distanciation, du lavage des mains et du port du masque ; o Utiliser les médias, pour renforcer les messages surtout sur l’importance de l’utilisation des masques ;

9ème : L’impérieuse nécessité d’attirer l’attention des familles et des acteurs de la riposte sur les précautions particulières nécessaires en matière de prise en charge des corps des défunts COVID19, pour une gestion appropriée de ces corps afin de réduire tout risque de contamination communautaire.

-Recourir a ceux qui ont assuré la gestion des corps des défunts COVID-19 avec satisfaction lors de l’épidémie d’Ebola telle que la Croix Rouge.

-Eduquer la population afin de les amener à adhérer à ces dispositions de gestion des corps des défunts COVID-19.

A noter que ce premier avis porte essentiellement sur la chaine de propagation communautaire et des travaux sont en cours sur les protocoles thérapeutiques et la valorisation des résultats de recherche.

Professeur Yolande HYJAZI

La Présidente du Conseil Scientifique de Riposte

Transmis par la Cellule de Communication du Gouvernement

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