Le 13 mai dernier, 12 détenus suspectés de terrorisme avaient été retrouvés morts dans leurs cellules, quelques heures après leur interpellation, alors qu’ils étaient en garde-à-vue. Des sources sécuritaires avaient avancé la thèse d’une « asphyxie sévère »,pour expliquer ces décès. Toutefois, des indices tendraient à accréditer plutôt la thèse d’une exécution sommaire contre ces personnes, majoritairement de l’ethnie peule, régulièrement accusées de conspiration terroriste avec des groupes djihadistes.

« Vingt-cinq personnes ont été interpellées dans la nuit du 11 au 12 mai par les forces de défense et de sécurité à Tanwalbougou, pour suspicion de faits de terrorisme. Malheureusement douze d’entre elles ont trouvé la mort au cours de la même nuit dans les cellules où elles étaient détenues », avait déclaré, le procureur de Fada N’Gourma, à l’Est du pays, Judicael Kadéba, dans un communiqué après la découverte des corps.

« Une enquête a été ouverte et des officiers de police judiciaire de la brigade de Recherche de la gendarmerie de Fada N’Gourma se sont déplacés sur les lieux pour les constatations d’usage en la matière, en compagnie d’agents de santé », avait-il ajouté.

La « piste d’une asphyxie sévère pourrait expliquer le décès de ces détenus », avaient ensuite confié des sources sécuritaires à l’AFP.

Des blessures à la tête, par balle, sur des corps…

Une thèse battue en brèche par le collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés, qui affirme que ces 12 personnes ont été exécutées sous prétexte d’une lutte contre le terrorisme. Des suspicions d’autant plus fortes qu’aucune autopsie n’a été, pour l’heure, effectuée sur les corps des personnes décédées.

Le député Aziz Diallo a confié à RFI,avoir découvert le corps de son cousin, qui fait partie des victimes, à la morgue de la ville de Fada N’Gourma, après avoir lui-même effectué des recherches.

« Il a été froidement exécuté d’une balle dans la tête. Je n’ai pas ouvert les autres sacs pour dire s’ils ont tous été abattus de la même manière. Mais ce que nous avons vu, même au cimetière, c’est que toutes les blessures étaient au niveau de la tête. On ne peut pas, sous couvert de lutte contre le terrorisme, prendre des gens et les abattre sans autre forme de procès et sans explications », a-t-il, confié à la même source.

Pour sa part, Me Ambroise Farama, l’avocat du collectif, a vivement dénoncé l’absence d’autopsie et d’identification des corps, qui selon lui, sème le doute sur la volonté des autorités judiciaires d’élucider cette affaire.

« Ces personnes ont été gardées à vue à la brigade de gendarmerie, ça veut dire qu’elles étaient sans moyens de se défendre ; donc rien ne peut expliquer qu’on puisse les retrouver mortes le lendemain. Mais le procureur dit que ces gens seraient morts des suites d’asphyxie. Dans cette hypothèse, le magistrat, s’il voulait véritablement mener une enquête sérieuse, aurait dû déjà exiger une autopsie », a, en effet, indiqué l’avocat.

Pour l’heure, aucune réaction officielle du côté du gouvernement, qui dit attendre les conclusions de l’enquête.

Le 2 mai dernier, un enseignant peul, également accusé de complicité terroriste, avait été retrouvé mort dans les locaux de la gendarmerie de Nongr-Maasom, à Ouagadougou, selon le Mouvement burkinabé des droits de l’homme et du peuple (MBDHP).

En juillet 2019, onze personnes accusées de trafic de drogue avaient été également retrouvées mortes dans une même cellule dans les locaux de l’Unité anti-drogue de la police nationale.

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