« Je voudrais d’abord vous remercier d’être venus de différentes régions de l’Afrique, de l’Europe malgré le Covid-19, qui est entrain de fatiguer nos économies et nous oblige à garder une certaines distance. Je suis très reconnaissant envers tous mes frères Chefs d’Etat et aussi les délégations venues de l’Europe, le ministre des Affaires étrangères venu de Turquie, de certains États dont la France je vous remercie tous. Au nom du peuple de Guinée et en mon nom propre, je voudrais dire à nos illustres hôtes, notre bonheur et notre fierté de les accueillir en Guinée et de vivre avec eux cette page importante de notre histoire. Leur présence parmi nous est un témoignage de notre amitié et de fraternité pour notre peuple ainsi que la marque de l’intégration indispensable entre nos États. Au moment d’inaugurer ce nouveau mandat, celui de la 4e République de notre pays, après l’adoption d’une nouvelle loi fondamentale, je voudrais d’abord exprimer une pensée particulière à l’endroit du peuple de Guinée, à tous les citoyens de notre pays. En cette circonstance solennelle, j’adresse mon infinie gratitude pour la confiance renouvelée et l’insigne honneur de présider encore une fois aux destinées de notre pays. J’adresse mes félicitations à tous les acteurs impliqués dans le processus électoral. Ils peuvent éprouver le sentiment d’un devoir bien accompli. Je remercie et félicite toutes celles et tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la victoire. Je suis fier d’être Guinéen et d’appartenir à un peuple qui a été présent à tous les rendez-vous de son histoire. Un peuple libre, fier et farouchement attaché à sa souveraineté.
Le 18 octobre dernier, les Guinéens, en se rendant massivement aux urnes dans la sérénité et la discipline pour élire leur Président de la République, ont fait le choix de la démocratie, de la paix dans leur pays. Des Guinéens, des femmes et hommes patriotes et responsables ont administré à la face du monde la preuve de leur volonté de privilégier l’intérêt national. Quel que soit l’enjeu, ils ont montré une capacité de dépassement de soi pour mettre la nation au-dessus de tout et de tout le monde. Ce jour, mardi 15 décembre 2020 restera dans les annales de l’histoire. Il marque pour notre peuple, une victoire sur lui-même et d’une souveraineté pleine et entière.
Notre pays a choisi librement son chemin, la voie de son destin. Le peuple de Guinée reste fidèle à son histoire et à sa vocation nationale de prôner l’égalité entre les États et de défendre la souveraineté de tous les peuples du monde. La Guinée reste un pays ouvert sur le monde… La Guinée désormais vit sous l’ère d’une nouvelle institution démocratique, qui modernise notre institution et tient compte des défis nombreux de notre époque à relever car, comme tous les pays du monde, la Guinée fait face à des mutations profondes de notre société et aux grands bouleversements de notre histoire. Honorables invités, distingués personnalités, les peuples à travers le temps et l’histoire et les générations aussi ont payé un lourd tribut et consenti beaucoup de sacrifices pour parvenir à la liberté, la dignité et accéder également à des droits fondamentaux. Notre peuple reste uni et souverain, malgré toutes les épreuves parfois dramatiques, qui annonce son histoire. En cette occasion solennelle, vous me permettrez d’exprimer une pensée forte pour tous les martyrs anonymes de toutes les conquêtes de notre pays.
La nation, elle ne les oublie pas. Toutes les générations se souviendront de leur engagement et leur dévouement pour la patrie. Les victimes et leurs familles de tous nos malheurs, ont la compassion de leur nation. Je voudrais au nom du peuple de Guinée unie été solidaire et en mon nom propre leur témoigner la solidarité de l’Etat, qui est à leur côté pour panser leurs blessures et surmonter leur drame. Je voudrais également exprimer la fierté de notre peuple à notre armée nationale moderne, républicaine et résolument engagée à défendre notre intégrité territoriale, nos valeurs républicaines et démocratiques. Elle continue de protéger notre pays et ses populations avec un large dévouement et un patriotisme exemplaire. La Guinée en cette phase de son histoire et pour son avenir a besoin d’un véritable sursaut national afin de consolider notre commun désir de vivre ensemble, fondé sur l’unité nationale et le respect de nos institutions. Les fondements de notre démocratie ont été ébranlés par des désirs politiciens et les tensions sociales, mais grâce à notre vigilance et au sens de responsabilité de chacun, la sécurité de l’État, des biens et des personnes continue d’être assurée pour le bien-être de tous. Je réitère devant la nation, mon engagement de continuer à œuvrer pour tous en cette phase de notre histoire et pour notre avenir car, le pays a besoin d’un véritable sursaut national dans l’objectif de consolider l’unité nationale et la cohésion sociale. Je suis le Président de tous les Guinéens, au service de tous les Guinéens, dans la réalisation de notre idéal commun, personne ne sera oublié, aucune partie du pays ne sera exclue. Chaque Guinéen aura sa place car, c’est ensemble que nous pouvons surmonter les difficultés d’aujourd’hui et relever les défis de demain. Je crois profondément aux vertus du dialogue et de la concertation et j’ai acquis de la conviction que la Guinée se fera avec tous les Guinéens, mais chacun doit respecter la loi et bannir de ses propos et de ses actes la violence afin que notre pays demeure une société de la liberté et de la responsabilité. Pour cela, j’exhorte chacun d’entre vous à oublier le passé qui divise au profit d’un avenir d’unité et d’espérance. C’est le devoir qui incombe à chacun d’entre nous. Je mesure le poids des exigences, la responsabilité de toutes les attentes de ma fonction, malgré le progrès accompli dans tous les domaines de la vie nationale : l’éducation, la santé, l’agriculture, les services sociaux de base, l’entrepreneuriat jeune, l’autonomisation de la femme, en matière des libertés publiques et des droits humains. Notre pays réserve désormais 15% de ses recettes minières au développement des collectivités locales. Ainsi pour la première fois dans notre histoire les ressources minières de notre pays profitent directement à tous les citoyens à travers leurs collectivités locales. Le secteur d’énergie a connu un développement significatif. Trois grands barrages ont été réalisés en 10 ans pour une puissance de plus 1000 mégawatts… Notre mandat qui commence aujourd’hui, celui de tous les Guinéens, qui ont contribué par leur engagement et leur vote est placé sous le signe d’une reconversion totale des mentalités et du renouveau pour notre pays. Nous aspirons tous à un changement profond et rapide…Je crois au talent de la jeunesse et je crois à l’engagement et l’abnégation de la femme. Je sais aussi combien de fois l’expérience est précieuse. Chacun de nous, à la place où il est, dans le rôle qui est le sien est invité à s’engager pour changer la Guinée et à porter le meilleur de lui-même aux Guinéens. Nous nous engageons à lutter avec fermeté contre la corruption qui gangrène le pays, le copinage, le clientélisme. Nous voulons désormais gouverner autrement, comme nous avons pris l’engagement devant le peuple. Gouverner autrement, cela veut dire travailler pour les couches les plus vulnérables. Gouverner autrement, ça veut dire que les ministres et Hauts fonctionnaires doivent être au service du peuple et non pas à leur service et au service de leur famille. Les Guinéens qui ont lutté pour obtenir l’indépendance, les Guinéens qui ont lutté pour m’amener au pouvoir ne savent pas dire RPG. Ils disent RPC, parce qu’ils ne savent pas parler Français. Pourquoi gouverner autrement ? Parce que pendant mes deux derniers mandats j’ai constaté que ces personnes anonymes dans les villages, districts qui ont sacrifié tout pour la victoire, ont été abandonnées par les ministres et les cadres à leur profit. Désormais, gouverner autrement, c’est servir le peuple. C’est pourquoi dans la déclaration des biens, nous exigeons que non seulement les ministres déclarent leurs biens ainsi que ceux de leurs femmes et de leurs enfants car, en observant, je ne connaissais pas bien les cadres guinéens, mais j’ai eu le temps de les connaître. Ainsi nous allons installer à la Présidence une structure. Toutes les sociétés seront passées au crible. Toute la société qui appartient à la femme d’un ministre ou à son fils, toute société qui appartient à un directeur général d’une régie, sera exclu définitivement des contrats publics. Gouverner autrement, c’est penser à nos femmes si braves. C’est pourquoi nous avons mis dans la constitution la parité. Gouverner autrement, c’est donner la chance à notre jeunesse d’être dans la quatrième révolution industrielle car, comme je l’ai dit dernièrement, les jeunes africains n’ont rien à envier à des Européens ou à des Américains en ce qui concerne la 4e révolution industrielle. Ghana, Guinée, Mali étaient le point de départ de l’unité africaine. Nous restons fidèles à notre idéal panafricain car, si l’Afrique est unie avec nos ressources, l’Afrique sera l’avenir du monde. Nous avons raté la première révolution industrielle à cause de l’esclavage. Nous avons raté les deuxième et troisième révolutions industrielles à cause de la domination coloniale. Si nous voulons être pleins dans la quatrième révolution industrielle et nous le pouvons, il faut que nous soyons fiers de nos pays, fiers de notre souveraineté, fiers de nous-mêmes, savoir que c’est nous qui devons prendre nos décisions. Alors nous saurons transformer les richesses de nos pays au profit du peuple, et surtout des plus humbles, les jeunes, les femmes, les personnes âgées et handicapées».
Décryptage Alpha Abdoulaye Barry