Les Guinéens et les africains vivant aux Etats-Unis ont commémoré ce dimanche 11 avril 2021 à New York, le 72ème anniversaire de l’invention de l’écriture N’ko et la 4ème Assemblée Générale de l’Organisation mondiale pour le développement de N’ko sous la présidence de Mohamed Chérif, président de l’Association de Manden N’ko.

Démarrée à 18 heures, la cérémonie a connu la participation de plusieurs autres personnalités. Notamment le secrétaire général du RPG-Arc-en-ciel, Billo Sanoh, Imam Saïdou Kaké, Imam Mohamed Djounidi Diaby, Imam Djiba Bérété de New Jersey, Imam Touré et Mory Kouyaté, président de l’organisation des immigrants africains aux États-Unis et président de la Commission électorale indépendante (CEI) mise en place pour la prochaine élection du bureau de la Communauté guinéenne de New York, de New Jersey et de Connecticut.

Mais s’il y a eu une présence qui a retenu beaucoup plus l’attention c’était celle de l’informaticien Moussa Bérété qui a émerveillé toute l’audience par ses recherches sur l’implication de N’ko dans l’éducation des enfants.

Sans oublier bien sûr, les doyens Laye Kanté, Moro Diakité et Docteur Ibrahima Magassouba qui n’ont cesse d’orienter les jeunes sur le droit chemin.

Après les salamalecs d’usage et la présentation de la physionomie de la salle, Karamo Djibrila dévoilera les quatre points á l’ordre du jour :

  • La mise en place du bureau de l’Organisation N’ko ;
  • La remise des certificats de réussite aux étudiants de l’écriture N’ko session 2020-2021 ;
  • La remise des certificats d’appréciation aux philanthropes qui ne lésinent pas sur leurs moyens quant au développement et le l’expansion de l’écriture N’ko ;
  • Des débats et discussions relatifs aux problèmes des enfants de la communauté.

Karamo Djibrila dans un exposé succinct fera d’abord la genèse et la richesse en mots de l’écriture N’ko. Aussi égrènera-t-il les difficultés financières et les menaces de mort auxquelles le savant Solomana a été confronté durant sa vie et d’évoquer les motivations et les œuvres de l’inventeur.

Le grand promoteur de l’alphabet N’ko, donnera la liste des membres du bureau de l’Organisation N’ko dont la présidence sera assurée par Moussa Condé qui sera épaulé par 43 autres membres.

Après la remise des certificats d’appréciation aux philanthropes qui participent et soutiennent financièrement l’organisation de l’écriture N’ko, Karamo Djibrila procèdera á la remise des certificats de réussite aux lauréats des différentes classes ouvertes dans le Queens, Brooklyn, Bronx, Europe et sur les réseaux sociaux.

La civilisation d’un peuple se mesure sur l’étendue de sa littérature qui repose essentiellement sur une langue à travers laquelle elle est exprimée. La nôtre est le N’ko qui est entrain de s’inviter dans l’histoire humaine comme une langue de science que certaines grandes organisations et universités ont commencé à utiliser dans leurs programmes, en plus de sa propagation dans la communauté Ouest-Africaine.

C’est pourquoi, les intellectuels, les hommes de lettres, les connaisseurs du livre divin, les sages, les ressortissants des pays de l’Afrique de l’Ouest et les sympathisants de l’écriture N’ko se sont retrouvés dans la mosquée All Muslim Center dans le Bronx pour glorifier la création de N’Ko par le savant Solomana Kanté.

Pour la petite histoire, c’est en lisant un article écrit par un journaliste libanais dans lequel était écrit, entre autres, que les Africains n’avaient pas de système d’écriture propre et semblaient ne pas s’intéresser à l’écriture, que Fodé Solomana Kanté décide de créer le N’ko, un système de transcription des sons de la langue mandingue, qui lui semble plus adapté à la transmission du savoir et à la pédagogie que des systèmes de transcription étrangers comme l’alphabet latin ou l’alphabet arabe. Aussi, une de ses motivations fut surtout de cette phrase prononcée par Soundiata Kéita en 1236 à Kouroukanfouga quand il a dit en s’adressant aux Mandenkas, mesdames, mesdemoiselles, messieurs et tous ceux qui disent n’ko.

Il lui rendra un hommage mérité pour le travail accompli durant toute sa vie pour la promotion de la culture africaine à travers l’écriture N’ko qui constitue aujourd’hui un héritage qui fait la fierté des peuples d’Afrique de l’Ouest.

Le maître n’a pas été un savant dont l’œuvre s’est arrêtée à l’invention de l’alphabet N’ko, il a été après 38 ans de recherches, à la base des ouvrages scientifiques, théologiques, littéraires, linguistiques, philosophiques et thérapeutiques.

En outre, Karamo Solomana produira 9 livres syllaber, 16 livres de lecture, 25 livres des sciences, 24 livres de littérature, 48 livres d’histoires, 1.000 livres de médecine, 38 livres de théologie et 4 livres de philosophie. C’est à cause de l’envergure scientifique de sa personnalité que le fondateur de l’Alphabet N’ko est considéré à juste titre par les chercheurs occidentaux comme un encyclopédiste du type du siècle des lumières en Europe.

Contrairement à l’idée qui consiste à dire que l’écriture N’ko se bornerait seulement à la transcription de nos contes et la traduction des livres islamiques comme pensent actuellement certains pessimistes, ce « Simbonsi » a une fois de plus démontré que l’écriture N’ko pourra dans l’avenir nous servir dans le processus de développement technique et technologique.

Aujourd’hui il y a des ouvrages de recherches qui ont été publiés ici et là dans plusieurs domaines. Il citera entre autres, la création de polices d’ordinateurs N’ko pour les programmes Linux et Macintosh, la compatibilité de N’ko avec les programmes de IPhone et de I-Pad, l’invention du compresseur de comprimé et du séchoir de médicament et le manuel sur les techniques agricoles.

Pour soutenir cette écriture pour la postérité, la proposition de Dr. Ibrahima Magassouba est toujours envisageable, celle de la création d’une Organisation Non Gouvernementale (ONG) qui pourra financer dans le futur les recherches de nos savants en N’ko dans les domaines de la science et de la technologie. Une initiative qui fut vivement saluée par un tonnerre d’applaudissement de la salle en 2012 mais qui tarde toujours à voir le jour.

Les mots de la fin seront les témoignages des participants et les bénédictions des sages pour le repos de l’âme de l’illustre africain que fut Solomana Kanté et le rayonnement du N’ko. Et bien évidemment, à travers elle, développer les autres langues nationales et la culture africaine, comme l’a si bien fait remarquer Karamo Djibrila.

Aussi la brève intervention du président de l’Association Manden N’ko, Mohamed Chérif, sur le progrès réalisé par les promoteurs de l’écriture N’ko qui sont entre autres, Karamo Djibrila Diané, Ibrahima Traoré et Nouhou Traoré.

En réponse à l’intervention de Mory Kouyaté sur la prochaine élection de la « Guinean Community of America » (GUICA), Mohamed Chérif précisera que la Haute Guinée ne participera à aucune élection tant que le statut de la GUICA n’est pas amendé afin de mettre en place un bureau représentatif où tous les ressortissants des quatre régions naturelles de la Guinée s’y reconnaitraient.

L’écriture N’ko est devenue une opportunité pour les Africains de l’Ouest. Aujourd’hui si tous les Mandenkas s’impliquent dans l’acquisition du système N’ko, cela facilitera non seulement la communication entre nous, mais aussi l’accès rapide au développement de la technique et de la technologie. Ensuite, nous allons montrer le chemin aux autres Africains qui sont confrontés aussi à des problèmes concernant les langues nationales.

A n’en pas douter, si nous ne nous intéressons pas à notre écriture, les Occidentaux l’étudieront et viendront nous l’enseigner en Afrique. Et rassurez-vous que ce sera une nouvelle forme de colonisation qu’on pourra appeler la colonisation culturelle… ».

 

Bangaly Condé « Malbanga »

 

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